Après des mois de silence, Charles Blé Goudé s’est enfin exprimé sur la détérioration de ses relations avec l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo.
Invité ce jeudi de l’émission L’Appart Politique du média panafricain Muntu, le président du COJEP a levé un coin de voile sur les tensions qui l’opposent à son ancien allié, allant jusqu’à désigner une tierce personne comme responsable de leur rupture. « Toute cette situation est due à une seule personne, qui n’a rien à voir avec notre combat, mais qui s’y est invitée et a tout gâché pour sa propre gloire », a-t-il affirmé, sans toutefois nommer l’individu en question.
Il a par ailleurs révélé avoir reçu des menaces par l’intermédiaire d’un émissaire de cette personne : « On m’a fait savoir que cette personne aurait ma peau », a-t-il confié, tout en expliquant qu’il préférait garder le silence afin de ne pas nuire à Gbagbo.
Depuis son retour en Côte d’Ivoire, Charles Blé Goudé n’a jamais été reçu par l’ex-président, malgré plusieurs demandes. Une situation qui alimente les rumeurs de tensions entre les deux hommes, jadis compagnons de lutte et coaccusés à la Cour pénale internationale (CPI).
Le 6 avril dernier, lors d’un meeting à Agboville, Laurent Gbagbo avait ravivé la polémique en raillant Blé Goudé :
« Il y en a un qui dit partout que c’est lui qui préparait à manger pour moi. Mais il ne vous dit pas où il prenait l’argent ! C’est Nady [Bamba] qui donnait l’argent pour qu’on prépare pour nous tous. »
Interrogé sur cette sortie, Blé Goudé a réagi avec sobriété :
« Si je dis que cela ne me heurte pas, je mentirais. (…) Mais en tant que fils, je n’ai pas le droit de lui répondre. » Il a également tenu à démentir les accusations selon lesquelles il aurait collaboré avec le régime d’Alassane Ouattara pour faire tomber Laurent Gbagbo à la CPI.
À son arrivée à La Haye, affirme-t-il, il avait été tenu à l’écart de Gbagbo et pressé de parler par la procureure Fatou Bensouda, sans la présence de son avocat. « Je leur ai demandé quel était mon statut. Suis-je un témoin à charge ou un coaccusé ? La procureure m’a répondu que j’étais un accusé. Je lui ai donc dit : dans ce cas, nous ne nous parlerons que dans la salle d’audience. »
Avec cette sortie médiatique, Charles Blé Goudé amorce peut-être une nouvelle phase dans la gestion de ses relations politiques, dans un contexte où les fractures de l’ancienne galaxie patriotique continuent d’alimenter le débat public.