Le procès du cyberactiviste Steve Amoussou reprend ce lundi devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) à Cotonou.
Cette nouvelle audience s’annonce décisive, avec la présentation du réquisitoire du ministère public et les plaidoiries des avocats de la défense.
Depuis six mois, l’affaire suscite un vif intérêt dans les médias et auprès des observateurs. Steve Amoussou, arrêté au Togo et transféré au Bénin, est poursuivi pour provocation à la rébellion, initiation et publication de fausses nouvelles, ainsi que harcèlement par voie électronique.
Il est accusé d’être derrière les publications signées du pseudonyme « Frère Hounvi », connues pour leurs critiques virulentes envers le pouvoir en place.
Lors de l’audience du 10 mars dernier, le cyberactiviste a nié être l’auteur des messages incriminés. Le procureur avait alors soulevé une interrogation restée en suspens : pourquoi les chroniques de « Frère Hounvi » ont-elles cessé depuis son arrestation ?
Les précédentes audiences, souvent ajournées, n’ont pas permis de faire avancer de manière significative le dossier. Les avocats d’Amoussou avaient tenté sans succès de faire annuler la procédure en saisissant la Cour constitutionnelle.
Parallèlement, l’affaire a cristallisé l’attention de la classe politique. L’opposition béninoise y voit une atteinte à la liberté d’expression et a organisé des rassemblements pour dénoncer les conditions d’arrestation et de détention de l’activiste.
Ce lundi, sauf nouvel imbroglio procédural, l’audience pourrait marquer un tournant. Les défenseurs de Steve Amoussou devront convaincre la cour que leur client n’est pas « Frère Hounvi », l’auteur présumé des messages contestés. Les audios largement relayés sur les réseaux sociaux ont contribué à renforcer la notoriété de l’affaire, lui conférant une portée bien au-delà des prétoires.
Reste à savoir si cette étape judiciaire suffira à clore un dossier devenu emblématique des tensions entre expression politique et contrôle judiciaire au Bénin.