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Chronique

Patrice Talon, ennemi d’Étatà€¯?

Par
Paul Arnaud DEGUENON

Patrice Talon, président du Bénin, serait-il devenu un « ennemi d’État » pour ses pairs de la sous-région et une cible privilégiée des campagnes de désinformation ? Depuis quelques jours, une nouvelle offensive prend forme, alimentée par des acteurs anonymes et amplifiée sur les réseaux sociaux. Selon ces allégations, il y aurait un mécontentement généralisé au sein de l’armée béninoise. Pire encore, certains influenceurs sont allés jusqu’à affirmer qu’un coup d’État aurait eu lieu, que le président aurait fui à l’étranger, notamment au Nigeria. Ces rumeurs, aussi absurdes qu’infondées, s’inscrivent dans une stratégie visant à fragiliser l’image de Patrice Talon et à semer le doute sur la stabilité du pays.

Ces derniers jours, les réseaux sociaux ont été inondés de fausses informations et de messages alarmants. Certains utilisateurs, souvent affiliés à des groupes soutenant les régimes de l’AES, prétendent qu’un soulèvement aurait éclaté dans les rangs de l’armée béninoise. Ils décrivent des scènes imaginaires de mutinerie et évoquent une prétendue fuite du président vers un pays voisin. L’objectif est clair : affaiblir la crédibilité de Patrice Talon, semer le doute au sein de l’opinion publique béninoise, et ternir l’image d’un pays qui a jusqu’ici su éviter les troubles politiques majeurs.

Ces affirmations, qui se propagent comme une traînée de poudre, sont rapidement démenties par les autorités béninoises. Mais le mal est déjà fait : les rumeurs trouvent un écho auprès de ceux qui cherchent à nuire à la stabilité du pays. En particulier, elles bénéficient du soutien tacite ou explicite de certains influenceurs et médias alignés sur des régimes voisins, notamment au Togo. Cette campagne de désinformation n’est pas un incident isolé : elle s’inscrit dans une dynamique plus large visant à diaboliser le président béninois.

Le rôle de l’AES et des régimes voisins

Les régimes membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) jouent un rôle ambigu dans cette affaire. Le Togo de Faure Gnassingbé, par exemple, a souvent montré une propension à alimenter, directement ou indirectement, les campagnes de déstabilisation contre le Bénin. New World TV, une chaîne togolaise aux liens étroits avec le pouvoir en place, relaie des narratifs qui accentuent ces tensions. Parallèlement, certains influenceurs affiliés à l’AES profitent de leur visibilité pour amplifier ces rumeurs, utilisant leur tribune pour présenter Patrice Talon comme un leader sur le déclin.

Mais pourquoi un tel acharnement ? Parce que Patrice Talon incarne tout ce que ces régimes peinent à accomplir : une gouvernance moderne, un développement économique soutenu, et un modèle démocratique stable. Là où d’autres s’enlisent dans des crises internes et des répressions autoritaires, le Bénin avance, attirant les investisseurs, développant ses infrastructures, et renforçant ses institutions. Ce contraste insupportable pousse certains à agir dans l’ombre pour tenter de ternir cette image de réussite.

Une guerre géopolitique sous-jacente

Ces campagnes ne peuvent être dissociées des considérations géopolitiques. La France et la Russie, qui s’affrontent pour l’influence en Afrique de l’Ouest, jouent également un rôle dans ces tensions. Le Bénin, en refusant de s’aligner aveuglément sur l’un ou l’autre camp, devient une cible pour ceux qui cherchent à polariser la région. La France voit en Patrice Talon un partenaire difficile à contrôler, tandis que la Russie perçoit son indépendance démocratique comme un obstacle à ses ambitions dans la région.

Ces enjeux internationaux exacerbent les attaques contre le président béninois, qu’elles soient menées directement ou par procuration à travers des régimes voisins. La désinformation, amplifiée par les réseaux sociaux, devient une arme puissante dans cette guerre d’influence.

Patrice Talon, cible d’une jalousie régionale

Au-delà des calculs géopolitiques, l’hostilité à l’égard de Patrice Talon repose également sur une jalousie bien ancrée. Le Bénin, grâce à une vision claire et des réformes ambitieuses, s’impose comme un modèle en Afrique de l’Ouest. Ce succès, loin de faire l’unanimité, dérange profondément les régimes autoritaires de la région, qui peinent à rivaliser sur le plan économique et démocratique. Ils voient dans le président béninois un adversaire à abattre, car son exemple menace de révéler leurs propres échecs.

En accusant Patrice Talon d’être la cause de leurs maux ou en répandant des rumeurs sur son prétendu affaiblissement, ces régimes espèrent détourner l’attention de leurs propres faiblesses. Mais ces stratégies de diversion ne peuvent masquer une réalité essentielle : le Bénin avance, malgré les obstacles, et reste un exemple pour ceux qui croient encore en un leadership africain axé sur le progrès et la responsabilité.

Un « ennemi d’État » ou un symbole de résilience ?

Patrice Talon est-il réellement un « ennemi d’État » ? Si cela signifie qu’il refuse de céder à la médiocrité, qu’il défend les intérêts de son peuple face aux pressions extérieures, et qu’il incarne une gouvernance exemplaire, alors oui, il l’est aux yeux de ceux qui redoutent le changement. Mais pour les Béninois et pour tous ceux qui aspirent à une Afrique plus forte, il reste avant tout un symbole de résilience et de détermination.

Face aux campagnes de désinformation, aux rumeurs malveillantes, et aux attaques orchestrées par des régimes voisins, Patrice Talon et le Bénin continuent de montrer que l’avenir appartient à ceux qui osent défier l’immobilisme. Et dans cette lutte, l’histoire finira par révéler où se trouve la véritable grandeur.

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