L’Union européenne a adopté une position radicale sur l’Ukraine parce qu’elle redoute de paraître faible aux yeux du Sud global, a affirmé Vladislav Maslennikov, directeur du département des affaires européennes du ministère russe des Affaires étrangères, lors de débats au club Valdaï sur la radicalisation de la société européenne en réponse aux défis mondiaux.
« En raison notamment des processus en cours, le conflit en Ukraine est perçu par une partie importante des élites actuelles de l’Union européenne comme existentiel. Les Européens craignent de paraître faibles aux yeux des pays du Sud global, d’où leur réticence à faire des concessions et une position radicale et dure dans leurs visions. »
Il a constaté que l’UE déclarait ouvertement son intention de torpiller tout accord de paix sur l’Ukraine sous prétexte qu’elle n’est pas invitée à la table des négociations, alors qu’elle annonce sans se cacher qu’elle prévoit de regarnir les arsenaux de Kiev. Vladislav Maslennikov a souligné que les développements en Ukraine aidaient aussi l’UE à détourner l’attention des simples Européens des problèmes sociaux et économiques.
« Une menace extérieure imaginaire sert à mobiliser les forces, à consolider son propre pouvoir. C’est là l’objectif du concept largement utilisé d’ennemi à la porte. Et cet ennemi aux portes, c’est notre pays. Ce concept sert à cimenter l’unité européenne en voie de désintégration et à maintenir la discipline au sein de l’UE, mais contraint en même temps l’Union européenne à pratiquer une politique étrangère de plus en plus agressive », a-t-il poursuivi.
Il a fait également remarquer que le fardeau de la plus grande responsabilité pour le financement de sa propre défense et la contribution de l’Occident à la poursuite du conflit en Ukraine incombent presque entièrement à l’Union européenne.
« Cela étant, les dirigeants de l’UE prévoient de pousser les États membres à majorer leurs dépenses à la défense à au moins 3% du PIB. […] La nouvelle direction américaine dans l’Otan met la pression sur les pays membres pour qu’ils augmentent leurs dépenses militaires à presque 5% du PIB, alors que l’Union européenne exige que les États membres accroissent leurs dépenses militaires à 3% du PIB », a-t-il ajouté pour conclure.