Malgré son adoption à une large majorité, la nouvelle loi encadrant la chefferie traditionnelle continue de faire débat au sein de l’Assemblée nationale. Membre du Bloc Républicain (BR) et député de la mouvance présidentielle, Nassirou Bako Arifari n’a pas caché ses inquiétudes, dénonçant une législation « imparfaite » nécessitant « plusieurs relectures ».
L’un des points soulevés par l’élu concerne la classification des royaumes reconnus par la loi. Selon lui, certains choix sont arbitraires et ne tiennent pas compte des réalités historiques et culturelles du pays.
« Lorsque je parle des royaumes, nous avons des aires culturelles bien définies. J’ai vu que 16 royaumes ont été listés, mais Allada et Kétou y figurent sur la base de critères coloniaux. Or, la même administration coloniale a signé des traités de protectorat et d’amitié avec d’autres entités royales. Que fait-on de ces traités qui reconnaissent leur souveraineté ? » s’interroge le député.
Le cas de la communauté dendi
L’autre point sensible concerne la communauté dendi, dont l’organisation royale ou impériale ne correspond pas au modèle des autres chefferies traditionnelles.
« Les Dendi n’ont jamais été soumis à une autorité locale au Bénin. Pourtant, cette loi les classe comme chefferie et non comme royaume », regrette Bako Arifari. Il cite en exemple Karimama, reconnue depuis 1895, ainsi que Banikoara, dont l’organisation coutumière spécifique a été, selon lui, mal intégrée dans le texte.
Un risque de conflits à venir ?
Pour le député, cette loi, si elle reste en l’état, pourrait provoquer des tensions sur le terrain.
« Faisons attention. Nous allons créer de graves problèmes de préséance et des conflits inutiles », prévient-il.
Il appelle notamment à une révision urgente de l’article 14, qui définit les modes de succession au sein des chefferies. « Cet article est une grave erreur. Il doit être supprimé totalement », tranche-t-il.
Alors que cette loi vise à structurer officiellement la chefferie traditionnelle au Bénin, ces critiques mettent en lumière des failles qui pourraient compliquer sa mise en application. Une relecture du texte s’imposera-t-elle pour apaiser les inquiétudes ? Seuls les parlementaires pourront trancher la question et apporter des clarifications aux populations concernées.