Un nouveau front s’est ouvert dans la guerre commerciale que se livrent la Chine et les États-Unis. Cette fois, c’est le géant américain de l’aéronautique, Boeing, qui en fait les frais. Pékin a décidé de geler un important contrat de livraison d’avions, dans un geste fort de représailles face aux mesures protectionnistes de Washington.
Le président américain Donald Trump n’a pas tardé à réagir, dénonçant une décision « hostile » de la Chine et accusant Pékin de s’en prendre directement à l’industrie américaine pour faire pression sur les négociations commerciales. À l’origine de cette escalade, une nouvelle vague de droits de douane imposée par les États-Unis, allant jusqu’à 145 % sur certains produits chinois. L’administration Trump justifie ces mesures par le besoin de défendre l’industrie nationale face à des importations « déloyales ».
En réponse, la Chine a riposté avec des taxes douanières de 125 %, notamment sur les avions et les pièces détachées. Elle a également recommandé à ses compagnies aériennes de suspendre toute réception d’appareils Boeing. Résultat : des centaines d’appareils commandés par des transporteurs chinois sont désormais bloqués. L’information, révélée par Bloomberg, fait l’effet d’un choc dans les milieux économiques : il ne s’agit pas simplement d’un bras de fer douanier, mais d’un signal fort envoyé à l’un des fleurons de l’industrie américaine.
Boeing sous pression, Airbus en embuscade
Pour Boeing, les conséquences s’annoncent particulièrement lourdes. Fin mars, le constructeur américain avait 130 avions en attente de livraison pour des clients chinois. L’interruption de ces expéditions représente plusieurs milliards de dollars en jeu et pourrait durablement compromettre sa position sur le deuxième marché mondial de l’aéronautique.
Son rival européen Airbus, déjà bien implanté en Chine, pourrait tirer profit de la situation. Si Pékin décide de renforcer ses liens commerciaux avec l’Europe, le constructeur toulousain pourrait gagner de précieuses parts de marché, dans un contexte où chaque contrat compte.
Mais au-delà du secteur aéronautique, cette nouvelle passe d’armes illustre la dégradation générale des relations économiques entre les deux puissances. Automobile, haute technologie, électronique, agroalimentaire… aucun secteur n’échappe à la contagion. Chaque surtaxe douanière, chaque décision de blocage d’importations, crée une onde de choc. Les chaînes d’approvisionnement mondiales sont fragilisées, les investisseurs deviennent fébriles, et les places boursières réagissent au moindre soubresaut.
Le risque d’une crise commerciale globale est bien réel, préviennent de nombreux économistes. Et ce sont autant les entreprises que les consommateurs qui pourraient en payer le prix.
Vers une recomposition des alliances commerciales ?
Face à cette impasse, les appels à la modération se multiplient. L’Union européenne, mais aussi des pays d’Asie ou d’Amérique latine, appellent à un retour au dialogue. Mais pour l’instant, ni Washington ni Pékin ne montrent de signes d’apaisement. Dans les coulisses, les industriels s’inquiètent. Ce gel de contrat n’est peut-être qu’un début. D’autres mesures pourraient suivre si le conflit continue à s’envenimer.
Ce bras de fer, s’il se prolonge, pourrait redessiner durablement les équilibres commerciaux mondiaux, notamment dans des secteurs stratégiques comme l’aéronautique. La Chine semble déterminée à diversifier ses partenariats. L’aviation, pilier de son développement intérieur et de sa projection mondiale, devient ainsi un levier diplomatique et économique.