Trois mois après sa nomination à la tête du ministère de l’Efficacité (le « Doge ») par Donald Trump, Elon Musk revoit à la baisse ses ambitions de coupes dans le budget fédéral. Annonçant initialement des économies de 2 000 milliards de dollars, le patron de Tesla et SpaceX ne parviendrait finalement qu’à réaliser 15 % de cet objectif, selon une enquête du New York Times.
Censé réformer l’État fédéral à coups de hache budgétaire – une image assumée rappelant la « tronçonneuse » de Javier Milei en Argentine – Elon Musk a multiplié les déclarations grandiloquentes. Pourtant, le bilan demeure maigre et entaché d’erreurs. Le poste budgétaire le plus important annoncé comme supprimé – 2 milliards dans les services aux anciens combattants – l’aurait en réalité été par l’administration Biden, bien avant sa prise de fonction.
Autre point de tension : le licenciement brutal de 100 000 fonctionnaires en février, annoncé par courrier, au moment de la Saint-Valentin. Un plan social d’une ampleur inédite aux États-Unis, qui pourrait à terme concerner jusqu’à 200 000 postes, selon des documents internes relayés par la presse.
Aussi, plusieurs ONG et parlementaires démocrates dénoncent un accès illégal de l’équipe de Musk à des fichiers sensibles. Le New York Times évoque notamment une fuite de données liée à l’utilisation de Starlink – une branche de SpaceX – pour transférer des informations confidentielles, soulevant de sérieux problèmes de sécurité.
Le secrétaire à la Défense est également accusé de conflit d’intérêts dans sa gestion de certains contrats fédéraux. En coulisses, les dissensions se multiplient : Elon Musk aurait qualifié de « crétin » Peter Navarro, l’architecte de la politique douanière de Trump, et serait en froid avec le secrétaire au Trésor.
Un désengagement de Trump ?
Selon des sources proches de la Maison Blanche, Donald Trump envisagerait de mettre fin au mandat fédéral d’Elon Musk dès fin juin. Une perspective renforcée par l’impopularité croissante du milliardaire dans l’opinion publique et au sein même de l’équipe présidentielle.
Les coupes opérées par Elon Musk visent en priorité les agences scientifiques. Des milliers de chercheurs dans les domaines du climat, de la santé ou des sciences humaines auraient été remerciés. Les États-Unis, qui investissent 5 % de leur PIB en recherche et développement, voient leur avance technologique fragilisée.
Certaines agences comme la météorologie ou les centres fédéraux de santé publique auraient été démantelées, faisant craindre des conséquences graves en cas de catastrophe naturelle ou de nouvelle pandémie.
Par ailleurs, la politique économique de Donald Trump, combinée aux décisions de Musk, plonge une partie de l’économie américaine dans l’incertitude. Le durcissement des droits de douane sur les produits chinois provoque l’attentisme chez les investisseurs. Les projets sont gelés, les commandes massives anticipées sont temporaires, et les faillites d’entreprises s’enchaînent.