Le 29 avril 2025, des milliers d’étudiants en médecine, internes et jeunes praticiens ont manifesté à Paris et dans plusieurs villes de France pour protester contre la proposition de loi visant à réguler l’installation des médecins. Cette mobilisation, soutenue par les principaux syndicats de la profession, dénonce une mesure jugée coercitive et inefficace pour lutter contre les déserts médicaux.
La proposition de loi, portée par le député socialiste Guillaume Garot et soutenue par environ 250 parlementaires, prévoit de conditionner l’installation des médecins dans les zones jugées suffisamment pourvues à un départ préalable. Cette mesure, adoptée en première lecture à l’Assemblée nationale, est perçue par les manifestants comme une atteinte à la liberté d’installation et un risque pour l’attractivité de la médecine libérale.
Pour Lucas Poittevin, président de l’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf), « cette proposition de loi ne vient pas résoudre les véritables problèmes du système de santé, car le problème n’est pas la répartition des médecins sur le territoire, mais bien le nombre ».
À Paris, entre 5 000 et 8 000 manifestants ont défilé entre le Panthéon et la place Vauban, scandant des slogans tels que « Non à la coercition » et « Liberté, égalité, laisse-moi décider ». Des rassemblements ont également eu lieu à Marseille, Lille, Lyon, Brest, Nantes, Bordeaux et Besançon.
Le syndicat ReAGJIR (Regroupement Autonome des Généralistes Jeunes Installés et Remplaçants) a déposé un préavis de grève nationale illimitée à compter du 28 avril 2025, couvrant l’activité clinique, la permanence des soins ambulatoires, la participation au service d’accès aux soins et l’activité universitaire.
Des critiques envers les mesures gouvernementales
En réponse à la mobilisation, le Premier ministre François Bayrou a présenté un « pacte de lutte contre les déserts médicaux », incluant l’obligation pour les médecins d’exercer jusqu’à deux jours par mois dans les zones sous-dotées. Cependant, cette mesure est également critiquée par les professionnels de santé, qui y voient une contrainte supplémentaire sans amélioration réelle de l’accès aux soins.
Le ministre de la Santé, Yannick Neuder, a exprimé son opposition à la coercition et s’est engagé à défendre cette position lors des prochaines discussions à l’Assemblée nationale.
Notons que la mobilisation devrait se poursuivre dans les jours à venir, avec des actions prévues jusqu’à la reprise de l’examen de la proposition de loi le 6 mai. Les syndicats et les organisations étudiantes appellent à un dialogue constructif avec les autorités pour trouver des solutions efficaces et consensuelles face aux défis posés par les déserts médicaux.