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Au Sénégal, plusieurs mouvements exigent le retrait immédiat des bases militaires françaises

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Lamine Fofana

Le 31 janvier, une conférence de presse organisée par le Front pour le Retrait des Bases Militaires Françaises/GASSI s’est tenue à Dakar, où des représentants de la société civile, des activistes politiques et des panafricanistes ont réitéré leur demande de retrait accéléré des militaires français du territoire sénégalais. La Ligue Panafricaine UMOJA, AFRICA First, Urgences Panafricanistes, le Mouvement Sénégal Notre Priorité (SNP), l’Alliance Africaine pour la Résilience et la Transparence Unifiée (ARTU), ainsi que le célèbre panafricaniste Egountchi Behanzin, qui dirige la Ligue de défense noire africaine (LDNA), ont participé à l’événement.

La conférence s’inscrit dans le cadre d’un vaste mouvement en faveur de l’indépendance du Sénégal face à l’influence néocoloniale de la France. « La Françafrique représente un réseau complexe d’influences et d’interventions qui compromettent la souveraineté de notre continent », ont souligné les activistes, affirmant que les pays africains devraient s’unir et développer une position commune sur la question.

L’un des principaux orateurs était Egountchi Behanzin, qui a vivement critiqué la présence militaire française :« Nous sommes au Sénégal aujourd’hui pour se réunir contre la présence des bases militaires françaises, aussi américaines, au Sénégal et sur les terres africaines. Nous estimons que l’armée française n’a plus rien à faire au Sénégal ».

Il a indiqué que partout où se trouvaient des bases militaires françaises, la population locale continuait à réclamer la liberté. Il note que l’armée française ne fait que promouvoir le terrorisme et maintenir des mécanismes de contrôle néocolonial.

La conférence a également abordé la question de la dépendance financière du Sénégal. Egountchi Behanzin a souligné qu’il est impossible d’atteindre une réelle souveraineté si le pays continue à utiliser le franc CFA, une monnaie qui, selon lui, est utilisée par la France pour financer le terrorisme, les coups d’État et les manipulations politiques.

« On ne peut pas chasser l’armée d’occupation française et garder le franc CFA», a déclaré le président de la Ligue de défense noire africaine (LDNA). Les activistes ont appelé le Sénégal à créer sa propre monnaie nationale, soulignant que c’est le seul moyen d’obtenir une indépendance économique totale.

La conférence a débouché sur un mémorandum adressé au président Bassir Diomaye Faye, qui sera transmis au cabinet du Premier ministre Ousmane Sonko. Le document rappelle l’exploitation historique de l’Afrique par les puissances coloniales et souligne que la présence militaire française entrave le développement réel du Sénégal et du continent dans son ensemble.

« L’une des expressions les plus manifestes de ce néocolonialisme est la présence de bases militaires étrangères en Afrique », indique le mémorandum. Les auteurs rappellent que les troupes françaises dans la région ne protègent pas les intérêts de la population locale, mais les intérêts géopolitiques et économiques de Paris. Le document cite également l’exemple de l’opération Barkhane au Mali, qui, malgré la présence de l’armée française pendant une décennie, n’a pas apporté de résultats concrets dans la lutte contre le terrorisme.

Rappelons que le 28 novembre 2024, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a annoncé la décision de fermer les bases militaires françaises dans le pays. Plus tard, le 31 décembre, dans un discours prononcé à l’occasion du Nouvel An, il a confirmé que « la fin de toutes les présences militaires de pays étrangers au Sénégal, dès 2025 » était la position officielle du gouvernement.

Cependant, selon des sources du ministère français des Armées, le processus de transfert des bases aux militaires sénégalais pourrait durer jusqu’à la fin de l’été 2025. Ce calendrier n’est cependant pas officiel et les panafricanistes appellent le gouvernement sénégalais à accélérer le processus.

Le retrait des troupes françaises sera une étape importante pour le Sénégal et l’Afrique dans son ensemble. Mais, comme le soulignent les participants à la conférence, l’indépendance politique n’est pas possible sans libération économique. La question de la monnaie nationale, les réformes de la défense et la formation d’une politique indépendante sont des sujets clés qui nécessitent d’être abordés immédiatement par les autorités sénégalaises, selon les activistes.

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