La masturbation, bien que courante et naturelle, continue de susciter de nombreuses interrogations. Certains s’inquiètent de ses conséquences sur la santé sexuelle ou sur l’organisme en général. Peut-elle déformer le pénis, réduire sa taille, provoquer une fatigue chronique ou encore entraîner des troubles de l’érection ? Le Dr Gilbert Bou Jaoudé, médecin sexologue, apporte un éclairage scientifique et rassurant sur le sujet.
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La masturbation déforme-t-elle le pénis ?
Contrairement à certaines croyances tenaces, la masturbation n’est pas responsable des courbures du pénis. La plupart des hommes présentent une courbure naturelle, légère ou plus marquée, qui est généralement d’origine congénitale, donc génétique. Seules les courbures sévères, qui peuvent gêner les rapports sexuels, nécessitent une prise en charge médicale.
Cependant, des pratiques brutales ou traumatisantes lors de la masturbation – comme plier ou comprimer violemment le pénis – peuvent à terme causer des microtraumatismes. Ces derniers peuvent entraîner une perte d’élasticité et une déformation lors des érections. Il convient donc de rappeler que des gestes doux et respectueux du corps sont essentiels.
La taille du pénis ou des testicules peut-elle diminuer ?
Non, la masturbation n’a aucun effet réducteur sur la taille du pénis ou celle des testicules. Aucune étude sérieuse ne vient étayer cette idée, qui relève davantage du mythe que de la réalité.
Provoque-t-elle une fatigue durable ?
Dans la majorité des cas, la masturbation n’induit pas de fatigue chronique. Une sensation de détente ou de somnolence peut survenir juste après l’orgasme, ce qui est parfaitement normal. Ce relâchement temporaire s’explique par une libération d’hormones et de neurotransmetteurs qui favorisent le bien-être.
Néanmoins, un trouble appelé syndrome post-orgasmique peut toucher certaines personnes. Rare, ce syndrome se caractérise par une fatigue intense, un mal-être ou d’autres symptômes prolongés après l’orgasme. Dans ce cas, il est conseillé de consulter un médecin sexologue.
Masturbation et fertilité : un lien ?
La masturbation n’a aucun impact sur la capacité à produire des spermatozoïdes. Elle ne rend donc pas stérile. En revanche, une masturbation fréquente juste avant un rapport sexuel peut temporairement réduire la quantité de sperme disponible, ce qui peut diminuer – sans empêcher – les chances de fécondation. Pour les couples en désir d’enfant, espacer les éjaculations peut être judicieux.
Peut-elle causer des troubles de l’érection ou de l’éjaculation ?
Ce ne sont pas les actes de masturbation en soi qui causent ces troubles, mais plutôt la manière dont ils sont pratiqués. Une masturbation compulsive, réalisée sans réel désir ou en réponse à une addiction, peut nuire au bien-être sexuel.
De même, l’habitude de se masturber uniquement avec des techniques irréalisables lors d’un rapport sexuel – forte pression, visionnage systématique de pornographie, etc. – peut perturber la réponse sexuelle naturelle. Cela peut entraîner une dépendance aux stimuli visuels et des difficultés à obtenir ou maintenir une érection dans des situations réelles.
Et les autres symptômes comme les bourdonnements d’oreilles ?
Certains peuvent ressentir des effets secondaires bénins comme des bourdonnements d’oreilles ou une fatigue après l’orgasme. Ces sensations sont passagères et liées aux variations hormonales. Elles ne doivent pas inquiéter.
Une pratique globalement sans risque… si elle est bien vécue
En résumé, la masturbation ne présente pas de danger lorsqu’elle est pratiquée de manière respectueuse, sans excès ni violence. Elle peut même être un moment utile d’exploration personnelle et d’amélioration de la fonction sexuelle. En revanche, lorsqu’elle devient compulsive ou associée à des pratiques inadaptées, elle peut devenir source d’inconfort ou de dysfonctionnements.
En cas de doute ou de gêne persistante, il est toujours préférable de consulter un professionnel de santé spécialisé.